4e Épisode: Le Pouvoir des Mots - Inuktitut

Nous sommes à Puvirnituq, dans le territoire du Nunavik, où se tient le congrès sur la langue inuktitut. Des efforts y sont déployés pour préserver la langue et pour l’adapter à la réalité moderne. La connaissance et la participation des aînés sont indispensables. Mais la survie d’une langue dépend aussi des générations futures.

Historique

La langue officielle du Nunavik est l’inuktitut. De la famille des langues autochtones “eskimo-Aleutian,” elle s’étend sur le vaste territoire incluant la Sibérie, l’Alaska, l’Arctique canadien et le Groenland. De toutes les langues autochtones du Canada, l’inuktitut est la mieux portante. La quasi totalité des 6 000 habitants de Nunavik parlent couramment leur langue maternelle.

La politique sur la langue inuktituk a été adoptée en 1984 par la Commission de la Langue Inuite. Cette Commission a constitué un point de départ pour le développement de projets sur la sauvegarde linguistique. La commission a été créée à la demande des aînés inuits qui voulaient s’assurer du maintien de la langue inuktitut parlée et écrite. Son objectif est de s’assurer que les générations futures continuent de parler inuktitut.

Le travail de la Commission consiste à uniformiser les règles de la langue écrite et développer des mots nouveaux pour des termes anglais n’ayant pas encore d’équivalence en inuktitut. Elle voit aussi à l’élaboration des symboles pour les machines à écrire. Et c’est elle qui a donné le nom de “Nunavik,” au territoire du nord québécois.

En 1989, un « projet de terminologie » est lancé. Sa mission est d’ajouter des mots nouveaux au vocabulaire inuktitut. L’Institut Culturel Avataq a compilés ces mots en une base de données qui a été publiée en 1995. Jusqu’à présent, plus de 3000 mots nouveaux ont été annexés à la langue.

1ière Partie

Le but premier du congrès sur la langue est de regrouper les traducteurs, les interprètes, les linguistes et les aînés. Robbie Watt est ex-président de l’Institut Culturel Avataq.
Il nous parle du rôle du congrès sur la culture Inuit.

La vie moderne a provoqué un changement rapide des habitudes de vie des communautés du nord. Il est non seulement important d’ajuster la langue à ces changements mais aussi de préserver les mots qui étaient utilisés autrefois dans le mode de vie traditionnelle. Le rôle des aînés est d’assurer cette continuité pour les générations futures.

Davidie Niviaxie a été le premier président de la Commission lors de sa création en 1984. Pendant 20 ans, il a travaillé avec acharnement à moderniser des mots menacés d’extinction.

2e Partie

En 1975, les Inuits du nord du Québec signent l’Entente de la Baie James avecle gouvernement provincial. Les autochtones cèdent leurs droits sur certainsterritoires en échange d’un plus grand pouvoir social, économique et politique dans leurs communautés. La Commission Scolaire Kativik est dès lors créée pour gérer l’éducation des jeunes Inuits.

Mais la situation de Puvirnituq est différente des autres villes du Nunavik. De même que Umiujiaq, Puvirnituq s’oppose à certaines clauses de l’Entente. En matière d’éducation, elle ne suit pas le programme de la Commission Scolaire Kativik et ses enseignants bénéficient d’une plus grande autonomie pour développer leur propre programme d’enseignement.

Voyons ce qu’en pensent les enseignantes Annie Aupaluq et Tilly Alasuak.

Le matériel et les cours différent peut-être, mais le résultat est le même. Les enfants maîtrisent l’inuktitut, comme partout dans le Nunavik, parce que c’est la langue parlée dans les familles. À l’école, on ne l’enseigne qu’une heure par jour. Malheureusement, le vocabulaire des enfants est plus pauvre que celui de leurs grands-parents, c’est naturel puisque leur réalité n’est pas la même.

Voyons ce qu’en pensent les enseignantes Annie Aupaluq et Tilly Alasuak.

Gardien de La Langue

Taamusi Qumaq, un aîné de Puvirnituk, a écrit un dictionnaire inuktitut publié en 1985. Il est mort en 1995, mais son œuvre demeure vivante et sa réputation est légendaire.